Les Louis HACKSPILL entre Allemagne et France après 1871

Publié le par Solnade

Le 10 mai 1871, le traité de Francfort met fin à la guerre franco-allemande. Les territoires français d’Alsace et de la Moselle doivent être cédés à l’Empire allemand parallèlement à de lourdes indemnités de guerre.


Louis HACKSPILL, natif de Hestroff, peu avant son décès à Paris, opta pour la nationalité française, droit que laissait le traité de Francfort jusqu'au 1er octobre 1872 aux Alsaciens et Mosellans fraîchement annexés.


Son fils  Louis François Céleste HACKSPILL,  fait prisonnier en août 1870 aux portes de Metz, est en exil à Berlin.


Le 29 juin 1871, naît à Bouzonville, petit bourg mosellan proche de la frontière allemande, occupé par les Prussiens, Louis Pierre HACKSPILL, futur député de la Moselle redevenue française.


Le 25 juillet 1814, quand Louis Henri HACKSPILL, futur académicien des Sciences, né à Paris en 1880, dut quitter l’Université de Nancy où il était chargé de cours, il ignorait certainement  tout de ce cousin resté Lorrain, de 9 ans son aîné, prêtre et député au Landstag Elsass-Lothringen, qui venait d’être arrêté par les autorités allemandes.

 

Louis François Céleste Hackspill l’ignorait certainement aussi car dans les lettres qu’il a envoyées à son fils de 1913 à 1915, jamais il n’a cité ce cousin devenu Allemand malgré lui et pour qui, comme l’écrira l’abbé Wetterlé en 1919, dans l’avant-propos de « L'Alsace et la Guerre », les hostilités duraient depuis le jour où, contre leur volonté nettement exprimée, les Alsaciens et les Mosellans luttaient contre la brutalité du Prussien qui fit d’eux des Allemands par contrainte.


Louis le Lorrain savait-il que ses cousins Louis, père et fils, étaient fort engagés dans cette guerre qu’on appellera « grande » plus tard, tant elle ravagea les Nations ennemies ?

Louis le Lorrain, en sa qualité de prêtre, ne portait pas les armes mais combattait les autorités en place non sur les champs de bataille mais avec ses propos et sa plume tant au Landstag où il était député depuis 1911 qu’à l’Académie de Metz où il  fut nommé membre en 1913.


18 février 1918, personne ne connaît encore l'issue de la guerre. Et, cependant, le journal "La Liberté" se fait l'écho du parti catholique fondé par Louis le Lorrain, curé de la paroisse de Saulny près de Metz, parti qui étudiait déjà la réorganisation du pays.



Dès décembre 1918, Louis le Lorrain fonda le journal bilingue Le Volkszeitung, soustitré La Libre Lorraine, journal qui se plaçait sur une ligne autonomisante et qui défendait ardemment le particularisme alsacien-lorrain. Il en garda la direction politique jusqu'en 1923.

Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924, Louis le Lorrain est député de la Moselle redevenue française à l'Assemblée nationale sous l'étiquette Entente républicaine démocratique.

1939, 2e conflit mondial qui prendra fin le 8 mai 1945. Louis l'académicien reprend du service en qualité de Lieutenant-Colonel tandis que son cousin fut expédié par l'Evêché dans la paroisse St-Martin de Craincourt en Moselle, canton de Delme, commune d'à peine 150 habitants... Ce qui ne l'empêcha pas, aux dires de ceux qui ont connu le dernier conflit , d'organiser une nouvelle fois la résistance.

Louis Henri, comme major d'une zone de cantonnements situés derrière la ligne Maginot, aurait pu rencontrer son cousin Louis Pierre...


Hélas, l'armistice ne permettra pas à ces deux cousins aux idéaux très rapprochés de faire connaissance, Louis le Lorrain nous quittant définitivement le 19 décembre 1945.

Que dire des autres Louis HACKSPILL que nous n'avons pas évoqués ici, ceux qui s'étaient installés dans l'ancien département français de la Sarre, passé dans le giron prussien  dès 1814 ? Ces terres d'abord lorraines puis françaises, devenues indépendantes en 1947, et qui retrouveront par plébiscite l'Allemagne en 1956 pour en constituer le plus petit Land dirigé par un président d'origine française.










Publié dans histoire

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